Décapitation d’une Statue de Béatrice de Savoie, un attentat culturel ?

Dans la nuit du 30 au 31 octobre, la statue de l’illustre Béatrice de Savoie érigée en 2016 au cœur de la commune paisible des Échelles (73) été décapitée. Simple accident ou attentat culturel ? Quelle que fût la raison sous-jacente, cet acte ignoble a profondément ébranlé les habitants de la localité, qui, découvrant l’état de leur bienfaitrice, ne purent que ressentir « stupeur et incompréhension », comme l’exprima la mairie.

Béatrice de Savoie est devenue comtesse de Provence en 1219. Elle est aussi appelée la « mère des dynasties européennes » et à juste titre, puisqu’elle a donné naissance à quatre reines d’Europe, dont Marguerite de Provence, épouse vénérée du roi Saint Louis.

Emmanuel Davin (1888-1969), historien spécialiste de la Provence, attribua à Béatrice deux vertus admirables : la beauté et l’intelligence. Ces qualités transcendèrent les époques et furent unanimement reconnues, tant de ses contemporains que par les générations futures. Selon les mots de l’historien, elle établit à la Cour des Bérengers à Aix-en-Provence la « première Cour de l’époque en Europe, y fit venir les plus illustres dames savoyardes et y créa un centre du bon ton et des lettres ». 

Depuis 1971, le Trophée Culture Béatrice de Savoie est décerné par le Conseil général de la Savoie à ceux qui contribuent à faire vivre les arts et la culture.

Animée par une profonde compassion envers les plus démunis, à sa mort en 1267, elle légua un château à l’Hôpital et à la commanderie de Saint-Jean-de-Jérusalem. C’est l’association héritière de la commanderie qui initia ce noble projet de statue. L’édification de cette œuvre fut rendue possible grâce à des brocantes et à la générosité des habitants, des entreprises et des communes de la région. Ainsi en 2016, sous la main experte de Phillipe Bouvet, tailleur de pierre et distingué meilleur ouvrier de France, la statue prit forme. Depuis lors, la statue est devenue un élément essentiel et admiré du village natal de Béatrice.

La déplorable décapitation de Béatrice de Savoie, vigoureusement dénoncée par « Touche Pas À Ma Statue », est une offense et un affront envers ceux qui ont œuvré à son édification en mémoire d’un élément historique important du village. Aucun auteur n’a pour l’instant revendiqué le crime et la tête de la statue demeure introuvable.

De nombreux commentaires évoquent la possibilité que cette attaque s’inscrive dans la lignée du déboulonnage survenu à la Flotte En Ré, au nom du laïcisme d’État, face à la foi dérangeante de Béatrice de Savoie. Cet acte infâme pourrait cependant trouver une source toute autre. La décapitation intervient précisément le soir même où Cédric Vial, sénateur de la Savoie et ancien maire des Échelles (entre 2008 et 2020), défend en séance publique l’interdiction de certaines pratiques d’écriture inclusive afin de « protéger la langue française de ses dérives

Il semble peu probable qu’un habitant d’une commune de 1200 habitants ait lui-même été l’auteur de cette profanation. Notons également que le village des Échelles se situe non loin de Chambéry et de Grenoble, dont les universités pullulent de chartes contre les écritures discriminantes, à l’image de celle publiée en 2018 par la mairie de la ville. Dès lors, simple accident ou expression du caprice d’un gauchiste à qui on aurait tenté de retirer son jouet favori ? Simple chute ou vengeance ? Rien n’est sûr, mais la piste s’avère intéressante.

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